On trouvera ci-après des indications qui se rapportent plus précisément à Basècles et aux communes avoisinantes mais beaucoup sont valables pour toute la région.
Ce glossaire étant destiné au public baséclois, et non aux linguistes, chacun pourra rectifier, selon son parler local.
a
Devant un ge il approchera une prononciation intermédiaire entre au et ô (un peu le o de encore):
Ex.= sauvôch’,garôch’,villôch’
an
Se prononce parfois in :
ex.= dans,danse,manger,rangée,rang*,bande,dimanche,déranger,démanger
* on prononcera pourtant an dans : I s'a mis sus les rangs (il s'est présenté aux élections )
be,pe,ple,pre,ble,bre
En finales se prononcent indistinctement pe.
Ex.: « eç’t’enn’champ’toute simp’mais prop’et agréap’ »,
« ell’ avoit enn’courté rôp’et des gampes comme des troncs d’arpes».
ch
Le patois a souvent gardé la forme du mot latin en conservant l’occlusive sourde du c(k) alors que le français a évolué en ch :
Latin Patois Français
Cantare Canter Chanter
Carbo Carbon Charbon
Catus Cat Chat
Vacca Vaque Vache
Clocca Cloque Cloche
Capella Capelle Chapelle
Certains mots gardent la prononciation ch :
chagrin ,chapitre ,charte ,chaume ,chauve ,chef ,chèque et la plupart des mots contenant les sons : chi,cho,chu. Ex.= chucolat,chicon,chucorée
Autres exceptions : Chien -> Tchié ;Cher ->Tchièr (é tchièr client)
cle,cre,gle,gre
Ces finales se prononcent indistinctement que.
Ex.: «Un nèque aveuque qui sintoit l'vinaique eyé l’chuque faisoit l’espectaque».
Et bien évidemment Basèques !
d
d + i (+ autre voyelle) se prononce dji:
Ex.= djiape (diable); ed' jiau (de l’eau) ;djiantres(diantres);djieu(dieu)
dre,tre
Les finales se prononcent te.
Ex.: «ej’va l' printe pau vinte» (je vais le prendre par le ventre).
e
Un e prosthétique apparaît à l'initiale, devant un s, comme dans le langage populaire d'autres régions wallonnes: estatue, espécial.
On le trouve aussi devant :
l'article défini (el, el'z)
ex.= el garchon,el’z autes ;
l'adjectif possessif (em', et', es', em'n, et'n, es'n)
ex.= em’tchié,etn’amisse ;
l'adjectif démonstratif (eç')
ex.= eç’homme-là ;
certains pronoms personnels (ej', et')
ex.= ej’va canter ;et’minge comme un qu’vau ;
les pronoms démonstratifs el cheu, el cheulle
ex.= el cheux qui pierd y paira
ceci en début de phrase ou après une syllabe fermée.(*)
Le es final de l’adjectif qualificatif précédant un substantif féminin pluriel commençant par une consonne devient és:
Ex.= des bellés-loques (des vêtements de dimanche),Lucia à grossés-fesses, des longués-flûtes(de longues jambes),des pauffés gins(des pauvres gens).
en
Se prononce in:
Ex.= enne cinse; é moumint, douch'mint.
Exceptions:temps,intertemps(où l'on prononce an), mais: d'timp z’in temps.
eur
Les mots finissant par le suffixe d’agent eur font eux
Ex.: é colleux d’affiches ,arracheux d’dints.
Mais on dira : « queu malheur ! » et « à la bonn’heure ! »
fle,fre,vre
Ces finales se prononcent fe.
Ex.: «Quant ej' chuffe, on m'offe du g’nièfe et des auffes ».
ge
Les finales ge se prononcent che :
Ex.: « I toit énn’anche avant s’mariôche » ; « el diminche in minche des asperches»
gne
Le g disparaît dans la finale mouillée gne :
Ex.= enne montane, dé l'iau d'Colonne.
h
Le son expiré h ne s'entend jamais. Il n'intervient même pas pour éviter l'élision ou la liaison. On prononce: des z'haricots, é n’hangar, l'houblonnière.
i
Parfois, au i français, correspond un u:
Ex.= «Ch'toit du café boulu, j' l'ai sintu ».
Souvent, devant un n, i,il fait place à è:
Ex.= boudène, épène, farène, rachène, visène (voisine)
ou plus rarement à é:
ex.= déner (dîner)
Dans les mots finissant en lier, li prend la valeur d'un yod:
Ex.= escalier = escayer; collier = coyer.
ill
A l'intérieur d'un mot, devient i + yod:
Ex.= fillette = fiyète; million = miyon .
ien
se prononce généralement é
ex.= bié(bien),tché(chien),vaurié(vaurien)
eil,ille,ail,aille
Le yod que l'on trouve en français après les voyelles e (soleil),
i (fille), a (médaille), ou o (grenouille) disparaît au profit du l:
Ex.= solel dins s' n'wèl ; enn’ médalle ;des patt’ dé gernoull’
j
Le patois a gardé l’occlusive g quand le français a changé en j
Ex.= gambe,gardin,gambon,gaune,gartière
l
Il disparaît parfois en finale:
Ex.= du sé (sel), Noé (Noël), queu baudet !(quel idiot !)
oi
La diphtongue oi du français peut faire place au son simple o :
Ex.= bos (un bois).
ou à un i:
ex.= «Chu qu'i t’à mi, ch'est à ti».
ou à è :
ex.= d'l'avène (de l’avoine)
Enfin, la diphtongue oi subsiste parfois avec une prononciation plus proche du français (wâ):
Ex.= foi, foie, loi, arnitoile, soie, ...
oire
Généralement les terminaison oir,oire se transforme en wôr
Ex.= armwôr(armoire),pwôre(poire),bwôre(boire)
ou
Se remplace parfois par O (celui de globe, pas de rose) :
Ex.= Des soris , un cop d' pied ,vos cantez ,
mais on dira : é trau (un trou),é clau(un clou)
oy
A l'intérieur d'un mot, la diphtongue française oy (noyer = nwaïé) se fractionne en une voyelle o + un yod: no-ïer, applo-ïer, mo-ïeu.
s
s orthographié s,ss,c,ç devient souvent ch :
Ex.= chabot,pièche,chirop,canchon,garchon,cauchon,avanche
Exceptions : saucisse,passer,godasse,tasser,…
t
t + i (+ autre voyelle) se prononce tchi:
ex.= métchier; Mathieu = Matchieu; otier(outil) = otchier
Un t apparaît dans la conjugaison du présent (indicatif et subjonctif), de l'imparfait et du conditionnel à la 3e personne du pluriel;
Ex.= I veut-tent (ils veulent) ; I donnuin-tent (ils donnaient)
Ce t est souvent appuyé d'un é:
Ex.= « i fait'té; i n' pait'té jamais. »
On ne fait pas la liaison avec le t des formes verbales:
Ex.= « i mingeoi(t) enne tartin’ in d'allan(t) à l’églîche. »
Le t disparaît dans les finales en ste et est remplacé par un second s:
Ex.= «Batisse, ch' est enn’artisse »; « Augusse! Ch’est é bon garagisse »
w
Le w d'origine germanique s'est conservé dans des mots, où le français a opéré la mutation consonantique en g:
Ex.= warder (garder), water (gâter), waule (gaule).
x
Est régulièrement remplacé par un s :
Ex.= espédition,trenne espresse,
Autres diphtongues:
On peut faire un certain nombre de remarques générales :
- les mots qui, en français, se terminent par eau s'écriront avec iau :
Ex.= dé l'iau, un coutiau, un ratiau...
Exception : sé-yau (seau)
- l’apparition fréquente d'un i (à valeur de yod) devant e,é,ê (suivi de r ou de t) :
enn’ tierre,enn’tiète,du fier,del’hierbe,enn’fièt’,...
- la diphtongue du français euil fait parfois place à wel:
Enn’ wel (œil), enn’fwelle (une feuille),
ou plus souvent se simplifie en eul :
fauteul’, chevreul’, in deul’, é seul.
Voyelles et diphtongues élidées
Le e muet l'est vraiment; il ne se prononce donc pas:
Ex.= «es' fèm'-là f'zot des p'lur's dé petôt’s gross's comm' des piaux d' banan' ».
D'autres voyelles et diphtongues s'amuïssent, en particulier dans les articles, les adjectifs possessifs les pronoms personnels:
Ex.= «El velo dé m'pèr', ch't'à m'n homm'là»; t'as enn' buqu' dins t'n wèl»; «Et' peux c'mincher!»
Toutes ces élisions font qu’on emploie moitié moins de syllabes qu’un Provençal !
Consonnes euphoniques
Le patois, en général, évite le hiatus (exception: cf. t). Il intercale donc une consonne euphonique, pour séparer deux voyelles (comme le français le fait, par exemple, dans: a-t-il?):
- z: «j' leu z'ai dit » (je leur ai dit); « on in voit qui z'ont des yars»
- n: «Queu n'estoumac! » ; « pa n'un joue qu'i pIeuvoit », «j'ai donné m' vélo à n'un aute».
- d: « i d'a un qui mint»
Consonnes finales
Contrairement au français les consonnes finales se prononcent dans :
toubac’,estoumac’,moins’(moins),lit’(lit),nuit’ »
(*) Une syllabe ouverte est celle qui, phonétiquement, se termine par une voyelle: papa, matin, souris, galop.
Une syllabe fermée se termine, phonétiquement, par une consonne: vert, rouge, tante.